Nous avions envie de travailler sur des déambulations guidées qui prendraient la forme d’une exploration cinématographique. Une ville, un quartier, un village, un chantier, une friche, autant de lieux qui deviennent des décors dans lesquels se joue un plan séquence, un tournage de cinéma dans lequel la caméra est remplacée par la vision du spectateur. Le scénario est toujours le même, un mystérieux personnage habite un territoire, et erre chaque soir à la manière d’un veilleur de nuit. L’écriture du plan séquence qui se joue en direct est protéiforme. Nous fabriquons des images cinématographiques, des cadres imaginaires, composés par de la lumière mouvante en direct, des vidéoprojections, des tableaux vivants. La bande-son est quant à elle diffusée par des casques sans fil, qui plongent le spectateur dans les différents plans sonores du film. Du son direct capté par un perchman, une voix, celle des pensées du personnage, des ambiances qui peuplent ou détournent les lieux visités, de la musique qui souligne ou dramatise les actions. Autant d’éléments qui vont permettre au spectateur de basculer dans le récit en oubliant l’équipe technique qui s’agite et compose le film en direct, comme il oublierait des marionnettistes à vue.

Avant l’Aube est une forme-protocole qui peut prendre place dans différents espaces, de nuit, et qui a vocation à mettre en valeur des lieux (patrimoniaux, naturels, bâtis) en jouant avec les décors réels et rêvés.