La cinéma-vivant
Parce que souvent on nous prend pour des OVNI. Parce qu’on ne rentre pas dans les cases. Théâtre ou cinéma ? Décors ou la scénographie de l’espace public ? Live ou enregistré ? Professionnels ou amateurs ? Comédiens ou figurants ? Et si nous étions tout cela à la fois, si nous avions envie de réinventer les genres ? Et on dirait que ça s’appellerait du cinéma-vivant !
Sans cesse en cogitation et en remise en question, il nous fallait bien (au moins) une page pour tenter de définir le cinéma vivant.
Démarche artistique
Tentatives de définition(s)
Cinéma-vivant
Le cinéma vivant est une forme hybride qui combine les techniques du cinéma traditionnel avec la spontanéité et l’adresse publique du spectacle vivant, et plus précisément des arts de la rue et de l’espace public. Contrairement au cinéma classique, qui repose sur des films préenregistrés projetés en salle, le cinéma vivant introduit une dimension de performance en temps réel, mêlant des éléments comme la projection d’images, la musique live, la présence au plateau, et des interactions avec le public.
De la fabrication à vue à la performance
Les ingrédients du cinéma-vivant
Projection en direct et in situ : Des séquences filmées sont projetées en temps réel pendant que les acteurs et techniciens interagissent sur scène. Nous jouons avec les surfaces de projection, qu’elles soient écrans, façades, au sol, sur paysages naturels ou bâtis, … En utilisant les techniques du mapping, nous nous emparons des espaces pour adapter nos créations in situ.
Fusion entre cinéma et théâtre : La dimension performative naît de l’interaction entre extraits de films pré-enregistrés, séquences vidéos tournées en direct et jeu/narration « au plateau ».
Musique live : Comme au cinéma, la bande-son fait partie intégrante de l’oeuvre. Qu’elle soit composition musicale, bruitage, ambiance sonore, elle est souvent donnée à voir, mixée ou jouée en direct, parfois avec un musicien présent sur scène.
Participation du public : Dans la plupart des créations, Espèces d’Espaces met au travail le public, soit en le faisant intervenir au plateau comme figurant ou complice, soit en le rendant acteur de son expérience de spectateur (dispositif immersif, déambulation, changement de point de vue, vote, etc…).
Partis pris
Le tournage comme spectacle
Le cinéma vivant transforme le tournage en spectacle, ou le spectacle en tournage. Les spectateurs accèdent aux coulisses, assistent à la fabrication à vue, dévoilant les hésitations, les tentatives, les effets spéciaux. Ce n’est plus seulement une histoire racontée à l’écran, mais un processus vivant, où l’instant de création prime sur l’œuvre achevée.
L’imprévu et la fragilité
L’humour et la poésie naissent souvent des accidents sur le plateau – des chutes, des imprévus qui contrastent avec le désir de tout maîtriser. Ces moments créent une fragilité qui rend l’ensemble profondément humain, et ouvre la porte à la poésie.
L’équipe et les personnages
L’équipe de réalisation et les techniciens (ingénieur du son, chef opérateur, accessoiriste) participent à la fabrique du récit. Ils deviennent eux-mêmes des acteurs en jouant leur propre rôle sur le plateau. Leur présence et leurs interventions, qu’elles soient techniques ou narratives, nourrissent le scénario, brouillant les frontières entre fiction et réalité.
Un film dans le film
Les créations en cours, comme Chemin faisant ou Avant l’aube, ne sont pas seulement montrées en tant qu’œuvres finies, mais dévoilent leur processus de fabrication, à la façon d’un making-of, une mise en récit incluant les repérages, les décors, et le tournage lui-même.
La place du spectateur et des complices
Le choix d’avoir recours à des non-acteurs renvoie au néo-réalisme italien, où la réalité brute devient un moteur narratif. Les interventions inattendues de barons complices ou de spectateurs désignés volontaires dans l’assemblée, participent à la « performance », dans une certaine tradition/filiation des arts de la rue et de l’espace public.